Et voici un petit sketch pour faire passer le temps. Je sais, Perceval et Karadoc sont sensés confondre la gauche et la droite. Mais je vois pas comment j'aurais pu faire autrement...
La quête de la main gauche
1. INT. LABORATOIRE DE MERLIN - JOUR
Perceval et Karadoc discutent avec Merlin. Élias, dans un coin, écoute discrètement.
- Merlin
- Une malédiction de main gauche ? Oui, je vois ce que c'est.
- Karadoc (effrayé)
- Mais c'est quoi ? Vous allez cracher le morceau, oui ?
- Perceval
- Vous en faites pas, Merlin connaît sûrement un contre-sort.
- Élias (ironique)
- Oui, sûrement.
- Merlin
- On vous a rien de demandé, à vous, alors retournez à vos potions débiles !
- Karadoc
- Oh, et moi ? C'est quoi, une malédiction de main gauche ? C'est grave ?
- Merlin
- Non, non, c'est classé comme malédiction bénigne. En gros, vous êtes devenu gaucher des deux mains. Par exemple pour écrire, ça va être emmerdant.
- Karadoc
- Je m'en fous, je sais pas écrire.
- Merlin
- Vous serez moins efficace au maniement de l'épée.
- Karadoc
- Pas de problème, je connais d'autres techniques de combat.
- Perceval
- Il y a longtemps qu'on a dépassé ce stade !
- Merlin
- Et puis pour manger, vous aurez plus de mal avec le couteau.
- Karadoc (paniqué)
- Quoi ? Merlin, il faut absolument que vous fassiez quelque chose !
- Perceval
- Vous pouvez lui faire un contre-sort ou pas ?
- Merlin
- Je peux le soigner.
- Karadoc
- Ouf !
- Élias (ironique)
- J'aimerais bien savoir comment vous allez vous y prendre.
- Merlin
- Eh bien c'est très simple, môssieur Élias, je vais accompagner le seigneur Karadoc dans sa rééducation, il va apprendre à se servir de sa main petit à petit, et au bout d'un an ou deux on ne verra presque plus la différence.
- Karadoc (apeuré)
- Un an ou deux ?
- Perceval
- Mais vous avez pas quelque chose de magique plutôt ?
- Élias
- Moi, j'ai. Une potion de ma composition. Vous trempez dedans votre main droite et elle retrouve son habileté.
- Karadoc
- Nan mais moi, c'est la main gauche. Ça change quelque chose ?
- Merlin
- Qu'est-ce que vous nous chantez ? La malédiction de main gauche, c'est pour la main droite. Sinon ça veut rien dire.
- Karadoc
- Ben moi je l'ai reçue sur la main gauche. C'est grave ?
- Élias
- Vous êtes sûr qu'il s'agit d'une malédiction de main gauche ? À vrai dire je ne détecte aucune aura de malédiction qui émane de vous.
- Perceval
- C'est pas faux.
2. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE - JOUR
Perceval et Karadoc se sont présentés à Arthur et au père Blaise pour parler de leur dernière quête.
- Karadoc
- Déjà, on a un titre : la Quête de la Main Gauche.
- Père Blaise
- Je préfère vous le dire, ça part pas fort...
- Perceval
- C'est à cause de la malédiction du même nom.
- Karadoc
- Là vous allez pas être déçus !
- Perceval
- Vous allez en rester bouche cousue !
- Arthur
- Ah mais commencez pas avec vos expressions ! Mais d'abord, faites-nous juste un résumé.
- Karadoc
- Vous préférez pas qu'on commence depuis le début ?
- Père Blaise
- Non ! Ah non ! Je préférais même qu'on commence par la fin.
- Karadoc
- C'est dommage, vous n'aurez pas la surprise.
- Père Blaise
- Je veux pas de surprise ! Surtout pas de surprise !
- Perceval
- Surtout que c'est une quête de première base !
- Karadoc
- Déjà, on n'a pas perdu nos chevaux !
- Perceval
- Ben si, vu qu'on n'arrive plus à les retrouver.
- Karadoc
- Ah, merde. Mais il n'y avait pas quelque chose qu'on n'avait pas perdu ?
- Perceval
- Nos épées !
- Karadoc
- Ah oui ! Sire, nous n'avons pas perdu nos épées !
- Perceval
- En fait on avait oublié de les prendre.
- Karadoc
- Du coup on les a pas perdues ! Il y a du progrès !
- Arthur (désabusé)
- Du progrès ?
- Perceval
- Par rapport à la quête des deux renards, par exemple, où on avait perdu les deux.
- Arthur
- Ah, oui, c'est vrai que...
- Karadoc
- Sire, notre quête est cent fois mieux que la quête des deux renards !
- Perceval
- Cent quatre-vingt douze fois mieux, même !
- Arthur
- Mais par exemple, vous avez trouvé un objet de valeur ?
- Karadoc
- On vous a ramené un chapeau magique de toute puissance !
- Arthur
- Ah bon ?
- Père Blaise (retrouvant le sourire)
- Alors là, d'accord, je veux bien retranscrire votre quête.
- Arthur
- Vous êtes sûrs qu'il est magique, votre chapeau ?
- Perceval
- Aucun doute, même que pendant le combat, le seigneur Karadoc s'est pris une malédiction de main gauche.
- Père Blaise
- Des combats ?
- Arthur
- Vous avez combattu ?
- Perceval
- On a été aux prises avec des créatures démoniaques.
- Karadoc
- Et le seigneur Perceval a réussi à leur arracher le chapeau de toute puissance.
- Arthur (bouche bée)
- Alors là, je suis bouche bée.
- Perceval
- Bouche quoi ?
3. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE - JOUR
Perceval et Karadoc racontent leur quête à Arthur. Le Père Blaise est à son pupitre. Lancelot s'est joint à eux.
- Karadoc
- Et là, on tombe sur une carriole remplie de créateurs démoniaques.
- Perceval
- On voulait se sauver, mais trop tard : ils nous avaient vus !
- Lancelot
- Aïe ! Ils étaient combien ?
- Karadoc
- Trois ! Au bas mot !
- Lancelot (un peu déçu)
- Ah ouais, bon, mais quand même.
- Père Blaise
- À quoi elles ressemblaient, ces créatures ?
- Perceval
- Leur chef, c'était un enchanteur, il portait un chapeau magique de toute puissance.
- Arthur
- Comment ça ? Vous êtes sûrs que c'était un enchanteur.
- Karadoc
- Il avait un costume d'enchanteur, barriolé et tout, une longue barbe, il avait le visage maquillé, et il portait un long chapeau pointu avec des dessins magiques dessus.
- Perceval
- Ouais, des étoiles.
- Arthur
- Vous appelez ça un costume d'enchanteur ?
- Père Blaise
- Et les créatures ?
- Perceval
- Ensuite, il y avait une sorcière. Les cheveux noirs, les yeux perçants, et elle faisait de la magie avec une boule de cristal.
- Lancelot
- Comme une diseuse de bonne aventure ?
- Karadoc
- Heu...
- Perceval
- Nan nan, cherchez pas, c'était une sorcière : rien qu'à la voir qui vous regardait, c'était flippant.
- Karadoc
- C'est elle qui m'a fichu cette saloperie de malédiction de main gauche.
- Arthur
- Ah oui, là ça prouve bien que c'est une sorcière.
- Perceval
- Vous voyez ?
- Père Blaise
- Mais vous aviez parlé de créatures démoniaques ?
- Perceval
- Eh ben ? Un enchanteur maudit, une sorcière et un gobelin, je sais pas ce qu'il vous faut !
- Arthur
- Un gobelin ?
- Karadoc
- Ouais, avec un corps tout petit, de toutes petites jambes, mais une tête normale.
- Perceval
- Quelle horreur !
- Karadoc
- Mais on s'était demandé si c'était pas plutôt un hobbit.
- Perceval
- Sauf qu'un hobbit se baladerait pas en compagnie des deux autres créatures.
- Karadoc
- Eh oui !
- Père Blaise
- Petit, des petites jambes, une tête normale, ce serait pas un nain plutôt ?
- Karadoc
- Tiens, oui, on n'y a pas pensé.
- Perceval
- Mais les nains, ça déteste les gobelins, non ?
- Karadoc
- En plus, ce qu'on vous a pas encore dit, c'est qu'il hypnotise les gens !
- Père Blaise
- C'est-à-dire ?
- Perceval
- Ah ouais ! Il lance trois petites balles de plus en plus vite sans les faire tomber, et au bout d'un moment on regarde les balles et on ne fait plus attention au reste !
- Karadoc
- Alors, Père Blaise, c'est une quête de chevaliers d'élite ou pas ?
- Lancelot (bas, à Arthur)
- Sire, je crois qu'ils ont rencontré des forains. Un clown, une diseuse de bonne aventure et un jongleur.
- Arthur
- Je me disais aussi...
4. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE - JOUR
Perceval et Karadoc continuent à raconter leur quête à Arthur, au Père Blaise et à Lancelot.
- Arthur
- Vous avez parlé de combats. Ils vout ont attaqués ?
- Karadoc
- À un moment donné, et sans prévenir, la sorcière s'est avancée vers moi, elle m'a attrapé la main gauche, et après... ah, la salope !
- Perceval
- Avec son doigt, elle lui a tracé des signes kabbalistiques sur sa paume.
- Karadoc
- Une malédiction !
- Perceval
- Sur sa main gauche !
- Lancelot (bas, à Arthur)
- Elle lui a lu les lignes de la main.
- Arthur (désabusé)
- Ah d'accord, la malédiction de la main gauche !
- Père Blaise
- Là, je crois que j'abandonne !
- Karadoc
- Ah parce que ça vous suffit pas ?
- Perceval
- On va vous raconter la suite, vous allez voir !
- Lancelot
- Par exemple, vous avez parlé d'un objet magique.
- Perceval
- Ah oui, le chapeau de l'enchanteur.
- Karadoc
- Suite à l'attaque de la sorcière, on s'est enfuis.
- Perceval
- Attention, on est courageux. Mais pas temporaires !
- Karadoc
- L'enchanteur avait posé son chapeau par terre, j'ai réussi à l'attraper en courant.
- Perceval
- Rien que le fait d'être rentrés vivants, c'est un exploit ! Père Blaise, vous pouvez pas dire le contraire !
- Karadoc
- Sans parler du chapeau magique qu'on a ramené !
- Père Blaise
- Moi, je dis plus rien.
- Arthur
- Mais c'était quoi ce chapeau ?
- Perceval
- Le chapeau de l'enchanteur. Un chapeau pointu avec plein de couleurs mystérieuses, et des étoiles dessinées dessus.
- Lancelot (bas, à Arthur)
- Un chapeau de clown
- Karadoc
- On sait bien que les enchanteurs tirent leur puissance de leurs chapeaux. Et celui-là, il était drôlement puissant !
- Perceval
- D'un geste, il a créé un mur invisible devant nous !
- Arthur
- Comment ça ?
- Karadoc
- On voyait bien, il a essayé de le traverser mais ses mains étaient arrêtés par le mur invisible. En fait c'était pour nous montrer.
- Perceval
- Et après, d'un simple regard, il a creusé dans le sol un escalier !
- Karadoc
- On n'a pas vu l'escalier, parce qu'il l'a fait derrière une table, mais on l'a vu descendre. Et il est remonté un peu après.
- Perceval
- Je vous promets, Sire, c'était flippant !
- Lancelot (bas, à Arthur)
- C'est un mime, j'ai déjà vu ce genre de tour, ils sont forts.
- Arthur
- Je crois que je les connais, ils avaient présenté ce numéro il y a deux semaines pas loin d'ici.
- Karadoc
- Alors ? Vous ne dites plus rien ?
- Perceval
- Je crois qu'on les a laissés sans voix !
- Père Blaise (désabusé)
- Je confirme.
- Karadoc
- Eh ouais, c'est qui les héros ?
- Lancelot (bas, à Arthur)
- On retrouvera bien ces forains. On leur rendra le chapeau avec nos excuses.
- Perceval
- Au fait, le chapeau de toute puissance, on l'avait pas laissé avec nos chevaux ?
- Karadoc
- Oui, et alors ?
- Perceval
- Du coup il est perdu.
- Karadoc
- Ah merde, la boulette !