3 CORS
1. INT. SALLE À MANGER - NUIT
Arthur entre dans la salle à manger et tombe sur Perceval qui grignote un bout de fromage.
- Arthur
- Tiens, Perceval, c'est vous ?
- Perceval
- Ben oui ! Sans déconner, Sire, vous avez cru que j'étais un autre chevalier et que j'avais pris une potion de sédimentation ?
- Arthur
- Quoi ?
- Perceval
- Ouais, la potion qui porte un nom de roche, c'est bien la sédimentation ? Ah non : la potion de métamorphisme.
- Arthur
- Ah, de métamorphose !
- Perceval
- Ouais, ça marche aussi.
- Arthur
- Vos expressions, plus j'arrive à les décrypter, plus vous les rendez difficiles.
- Perceval
- C'est rien, j'ai juste confondu. En tout cas c'est moi, je vois pas trop pourquoi vous êtes surpris.
- Arthur ( qui se sert un morceau de saucisson)
- Ben, je m'attendais plutôt à tomber sur Karadoc.
- Perceval
- Ouais, il est parti quand je suis arrivé. Mais... vous dormez pas ?
- Arthur
- Hé non : on vient de m'apporter un message comme quoi les Saxons viennent de débarquer.
- Perceval
- Encore ? Ils étaient pas déjà venus l'an dernier ?
- Arthur
- Oui, et les années d'avant. Chaque printemps ils reviennent. Ils commencent à me gonfler, comme si j'avais que ça à faire.
- Perceval
- C'est comme les hirondelles.
- Arthur
- Hein ?
- Perceval
- Ben oui, les hirondelles, elles reviennent à chaque printemps.
- Arthur
- Sauf qu'elles n'ont pas l'intention de dévaster le pays, elles.
- Perceval
- Ah ouais, merde, du coup j'ai dit une connerie.
- Arthur
- Allez plutôt vous recoucher. Demain je convoque tous les chevaliers de bon matin pour préparer la riposte.
OUVERTURE
2. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE - MATIN
Arthur et les chevaliers (Léodagan, Yvain, Bohort, Calogrenant, Lancelot, Perceval et Karadoc) sont réunis autour de la Table Ronde.
- Arthur
- D'après le message que j'ai reçu cette nuit, les Saxons viennent de débarquer.
- Léodagan
- Encore ?
- Calogrenant
- Ils nous font le coup chaque année au printemps.
- Lancelot
- Et je parie que c'est sur la plage habituelle.
- Arthur
- Tout juste !
- Léodagan
- Eh oui, ils ont pris leurs petites habitudes...
- Perceval
- C'est comme les coins à champignon.
- Arthur
- Quoi ?
- Perceval
- Ouais, les coins à champignon, une fois qu'on les a repérés, tous les ans on y retourne. (Les chevaliers, consternés (sauf Karadoc, intéressé), regardent Perceval.) Sauf que les champignons viennent pas dévaster le pays, ah ouais, merde.
- Karadoc
- Quoique : je connais des variétés qui font de sacrés dégâts.
- Arthur
- Bon, on peut reprendre, oui ?
- Léodagan
- De quoi on parlait ? Ah oui : la plage habituelle, c'est celle qui est à l'autre bout du pays, c'est ça ?
- Calogrenant
- Si c'est celle que je crois, on en a pour deux jours de cheval, et encore, à condition d'y aller à fond de train.
- Yvain
- Est-il possible de faire le trajet à pied ? Parce que le cheval, c'est trop gavage.
- Léodagan
- Vous êtes marteau : à pied, ça va vous prendre un mois et demi !
- Arthur
- Nan mais de toute façon, seigneur Yvain, vous resterez au château. Pendant l'expédition, vous serez avec le seigneur Bohort pour régler les affaires courantes à Kaamelott.
- Bohort
- C'est une mission qui correspond parfaitement à mes compétences, Sire.
- Arthur
- Je sais. Mais attention, les affaires courantes, c'est organiser les tours de garde et vérifier que les ordres sont exécutés, pas organiser en douce un bal costumé.
- Bohort (déçu)
- Ah... Bien, je ferai comme vous voulez.
- Yvain
- Évidemment, dès qu'on peut s'amuser c'est interdit !
- Calogrenant
- Vous préférez venir avec nous ?
- Yvain
- Ah ben non, tout de suite...
- Arthur
- Sinon, j'ai le rapport des espions avec les effectifs des envahisseurs et leur armement. Ah, et j'ai un note intéressante : il paraît que le chef Saxon, celui à cause de qui on a une visite à chaque printemps, n'a pas d'hériter, donc s'il venait à disparaître, ce serait l'anarchie chez eux. Du coup, on aurait intérêt à séparer les chefs du gros des troupes afin de le zigouiller plus facilement. Sans leur chef, les troupes seront inoffensives, et sans héritier, on n'est pas prêt de les revoir débarquer.
- Lancelot
- Excellente stratégie !
- Léodagan
- Une question : le but, c'est d'intervenir le plus vite possible afin qu'ils soient bloqués sur la plage ?
- Arthur
- Évidemment. Il faut à tout prix ne pas leur laisser le temps de se disperser dans les terres.
- Léodagan
- Du coup, on peut pas prendre les archers.
- Arthur
- Ah non, ils montent pas à cheval. Là c'est pas compliqué, on se passe de l'infanterie, par contre on emmène tous ceux qui savent monter à cheval.
- Yvain
- Ah, c'est pour ça que je peux pas venir ! J'ai cru que c'était encore une brimade.
- Calogrenant
- Et vu le trajet, on a intérêt à prendre deux chevaux chacun.
- Arthur
- Ah oui, il faudra les ménager. En fait, ce qu'on va faire, c'est qu'on prend tous les chevaux disponibles et on colle dessus tout ce qui sait monter.
- Lancelot
- On part maintenant ?
- Arthur
- Oui, départ dans une demi-heure. Ce soir on campera en campagne et on réglera les derniers détails, et demain après-midi on devrait être sur place pour les foutre à la mer.
- Lancelot
- On prend Merlin ? La dernière fois il nous avait fait un mur de flammes plutôt efficace.
- Arthur
- De toute façon, si on l'emmène pas, il boude pendant deux semaines...
3. EXT. ORÉE DE LA FORÊT - JOUR
Arthur et ses chevaliers (Léodagan, Calogrenant, Lancelot ainsi que Merlin) poursuivent quelqu'un.
- Arthur
- Mais il est passé où, le chef saxon ?
- Léodagan
- Par là, je crois ! Je l'ai vu prendre cette direction.
- Calogrenant
- Là-bas ? C'est la direction de notre camp de base ! Sans cheval, sans arme et avec la flèche qu'on lui a planté dans la cuisse, il n'a aucune chance.
- Léodagan
- Sauf que le camp de base, il est gardé par Perceval et Karadoc.
- Lancelot
- Quand même, ils ne sont pas cons à ce point ! Ils vont bien trouver un moyen de l'achever.
- Calogrenant
- Bohort, il ne l'achèverait pas.
- Lancelot
- Oui mais là, c'est Perceval et Karadoc.
- Arthur
- Assez bavardé, suivez les traces de sang !
4. EXT. CLAIRIÈRE DU CAMP DE BASE - JOUR
Arthur et ses chevaliers atteignent leur camp de base. Là, Perceval et Karadoc sont attablés et boivent un canon.
- Arthur
- Il est passé où ? Perceval, Karadoc, vous avez butté le chef saxon ?
- Perceval
- Qui, nous ?
- Arthur
- Oui, vous ! Le chef saxon vient de passer ici, on voit encore ses traces de sang.
- Karadoc
- Attendez... Un type aussi grand qu'un ours, avec de longs cheveux blonds, une moustache épaisse et une cuisse qui pisse le sang ?
- Calogrenant
- Oui ! Vous l'avez tué ou pas ?
- Karadoc
- Mais est-ce que le votre, il avait une cape en peau de sanglier ?
- Lancelot
- On n'a pas le temps de jouer à des devinettes. Vous l'avez tué ou pas ?
- Perceval
- Il est parti par là.
- Arthur
- Quoi ? Vous l'avez laissé filé ?
- Léodagan
- Par là, vous voulez dire par la route ?
- Karadoc
- C'est plutôt un chemin, soyons précis dans nos témoignages.
- Calogrenant
- Il est tellement au bout du rouleau qu'il cherche même plus à se cacher dans les fourrés !
- Arthur
- Allez, suivez-moi, on devrait être sur lui dans cinq ou dix minutes à tout casser.
- Perceval
- Ouais mais il a un cheval. Ça change quelque chose, non ?
- Léodagan
- Un cheval ? Mais où est-ce qu'il a trouvé un cheval, ce con ?
- Lancelot
- Vous avez laissé le chef saxon voler un des chevaux du camp ? Alors que vous en étiez reponsable ? Sire, c'est pas possible, il faut les traduire en cour martiale !
- Perceval
- Mais il ne l'a pas volé, il l'a emprunté. Je me souviens parfaitement, il a dit : « oh, les deux cons, j'emprunte votre cheval ». Emprunter, c'est pas voler.
- Karadoc
- Il faudrait arrêter un peu de nous prendre pour des analphabètes !
- Arthur
- Mais c'est pas vrai mais c'est pas vrai !
- Perceval
- Mais qu'est-ce que ça change, Sire, le type est blessé, il est inoffensif, à quoi bon le tuer ?
- Arthur
- Mais pour pas qu'il retourne vers ses troupes, se fasse soigner, et reprenne l'invasion, corniaud ! Pour pas qu'il revienne chaque printemps !
- Karadoc
- Ah parce qu'il pourrait revenir ?
- Perceval
- Déjà, oui, pour rendre le cheval.
Arthur se prend la tête à deux mains
5. EXT. UN PEU PLUS LOIN SUR LA ROUTE - JOUR
Arthur et ses chevaliers examinent le cadavre d'un homme étendu à côté du cadavre d'un cheval.
- Lancelot
- C'est bien lui, Sire.
- Arthur
- Le chef saxon ?
- Lancelot
- Oui, oui, pas de doute, c'est bien lui.
- Léodagan
- Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
- Lancelot
- Pour une raison que j'ignore, son cheval s'est effondré, et en tombant, le chef saxon a perdu connaissance. C'est pour ça qu'on l'a rattrapé et qu'on a pu l'achever.
- Calogrenant
- C'est vous Merlin ?
- Merlin
- C'est moi qui ?
- Calogrenant
- Vous avez lancé un sort pour tuer les bêtes à distance ?
- Léodagan
- Ça existe, un sort pareil ?
- Merlin
- Ah oui, c'est même plutôt connu.
- Léodagan
- Mais pourquoi vous nous l'avez jamais dit, que vous maîtrisez un sort aussi utile ?
- Merlin
- Ah mais je le maîtrise pas, ce sort. C'est pas moi qui ai tué ce cheval. Attendez, si je connaissais un tel sort, évidemment que je vous aurais mis au jus. Il y a pas marqué incompétent ici !
- Arthur
- Si c'est pas Merlin, ça vient d'où ?
- Merlin
- Regardez les yeux, c'est un signe qui ne trompe pas : empoisonnement. Et j'aime autant vous dire que c'est un poison foudroyant.
FERMETURE
6. EXT. UN PEU PLUS LOIN SUR LA ROUTE - JOUR
Perceval et Karadoc, fiers et souriants, s'avancent vers le groupe
- Perceval
- C'est nous, Sire.
- Lancelot
- Vous avez eu la présence d'esprit d'empoisonner le cheval que le chef saxon s'apprêtait à "emprunter" ?
- Karadoc
- La présence de quoi ?
- Perceval
- C'est pas faux.
- Karadoc
- En fait, en vous attendant, on s'emmerdait un peu, alors j'ai exploré les environs et j'ai trouvé un coin à champignons. J'ai tout ramassé et j'ai fait une omelette.
- Perceval
- On s'est dit que comme festin de victoire, ça ferait classe !
- Karadoc
- Mais je me suis souvenu de l'autre fois où vous aviez pas aimé l'omelette...
- Arthur
- C'est surtout qu'on a failli tous crever !
- Karadoc
- Alors je l'ai donnée à goûter aux chevaux.
- Arthur
- Ah, donc en fait vous l'avez pas fait exprès, d'empoisonner ce cheval.
- Karadoc
- Ben non. C'est juste que je voulais pas gaspiller : quand je fais une omelette pour un régiment, il faut bien que ça profite à quelqu'un.
- Arthur
- Mais, juste pour être sûr d'avoir compris : c'est seulement le cheval là qui en a goûté ?
- Karadoc
- Ah non, je l'ai donnée à tous les chevaux.
- Arthur
- D'accord, mais c'est seulement le cheval là qui a succombé à l'omelette ?
- Karadoc
- Ah non, ils sont tous morts.
- Arthur
- Quoi ?
- Calogrenant
- Vous voulez dire que là, on n'a plus de chevaux ?
- Perceval
- C'est quand même pas notre faute si les chevaux supportent pas les produits de la forêt, si ?
- Arthur (désabusé)
- Résumons la situation. Problème n°1 : les Saxons. Réglé. Problème n°2 : reconstituer la cavalerie de Bretagne...
- Léodagan
- Et problème n°3 : faire le trajet de retour à pieds !