3 CORS
1. INT. CHAMBRE DU ROI ET DE LA REINE ‒ SOIR
Arthur, en tenue de nuit, entre dans sa chambre et se dirige vers le lit, qu'il ne voit pas encore.
- Arthur
- J'arrive, j'arrive, attendez-moi avant d'éteindre les bougies !
Arthur arrive devant le lit. Un mystérieux personnage vêtu d'un manteau, le visage caché par un capuchon, y est assis. Guenièvre est debout à côté, un peu craintive.
- Arthur
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Guenièvre
- Heu... Il paraît que c'est un ami à vous.
Pendant qu'Arthur se dirige vers son épée, le mystérieux personnage relève son capuchon : on reconnaît Venec.
- Arthur
- Nan mais vous êtes marteau ! Bon, j'appelle la garde.
- Venec
- Sire, laissez-moi d'abord vous expliquer !
- Arthur
- Mais rien du tout ! Vous croyez quand même pas que je vais tolérer une chose pareille ! Et dégagez vos miches de mon lit, crétin !
- Venec (se levant du lit)
- Je suis venu vous apporter une information capitale.
- Arthur
- Eh ben, vous me l'apporterez demain à la salle du trône !
- Venec
- Personne ne doit savoir que je vous ai averti. Il n'y a qu'ici que je peux le faire incognito.
- Arthur
- Mouais...
- Venec
- Sire, laissez-moi vous expliquer, il s'agit d'un complot...
- Guenièvre (qui écoutait en silence)
- Un complot ?
OUVERTURE
2. INT. CHAMBRE DU ROI ET DE LA REINE ‒ SUITE
Arthur et Venec sont installés autour d'une petite table, à l'écart du lit. Guenièvre est assise sur le lit et écoute, inquiète.
- Venec
- Tout d'abord, je vous signale que je prends un risque en venant vous informer.
- Arthur
- Ça, je confirme !
- Venec
- Je prends un risque parce que je vais vous révéler quelque chose qui peut me valoir des ennuis. J'aurais pu rester peinard chez moi et vous laisser dépatouiller tout seul, et tout irait bien pour moi, mais par loyauté, j'ai décidé de tout vous dire.
- Arthur
- Mouais...
- Venec
- Il se trouve que j'ai des activités annexes.
- Arthur
- Annexes ?
- Venec
- Vous diriez plutôt : clandestines.
- Arthur
- Ah oui, donc illégales.
- Venec
- Voilà. En particulier, il m'arrive d'organiser des enlèvements.
- Arthur
- Quoi ?
- Venec
- Nan mais là j'arrête, je vous promets.
- Arthur
- Mais comment ça des enlèvements ? Contre rançon ?
- Venec
- Oui, voilà.
- Arthur
- Et pourquoi vous m'avouez ça ?
- Venec
- Pas plus tard que l'autre jour, j'ai été contacté par un mystérieux commanditaire pour vous enlever.
- Arthur
- Et vous avez refusé ?
- Venec
- Oui, Sire : par loyauté. Pour moi, le roi Arthur, c'est sacré ! Sachez que, pour vous, je vais m'assoir sur quinze mille pièces d'or.
- Arthur
- Quinze mille ! Bon, et ensuite, votre commanditaire a trouvé quelqu'un d'autre, c'est ça ?
- Venec
- Tout juste ! Et comme j'ai des relations... mais je vous en dis pas plus, je sais qui va tenter de vous enlever. C'est des gars qui se sont regroupés en guilde, personne sait qui c'est, mais ils sont très forts.
- Arthur
- Donc on ne connaît ni l'identité du commanditaire, ni des salopards qui vont essayer de m'enlever ?
- Venec
- On les connaît pas personnellement, mais ils ont une sacré réputation. Sire, surtout ne les sous-estimez pas ! Ils travaillent la nuit, dans le feutré, c'est des malins. Mais vous avez un avantage : ils savent pas que vous êtes au jus. C'est pour ça qu'il fallait pas qu'on me voie avec vous.
- Arthur
- Oui, je comprends.
- Venec
- Sire, j'espère que vous êtes conscient que mon intérêt personnel était de rien vous dire. Alors si vous pouvez oubliez ce que je vous ai avoué...
- Arthur
- OK, mais à condition de cesser les enlèvements !
- Venec
- C'est juré, Sire !
Sans attendre qu'on l'y invite, Venec quitte la chambre après avoir remis son capuchon.
- Guenièvre
- Alors ? Qu'est-ce qu'on va faire ?
3. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE ‒ JOUR
Arthur, Léodagan, Lancelot, Calogrenant et Grüdü ont des décisions à prendre.
- Arthur
- Et il a ajouté : surtout ne les sous-estimez pas !
- Léodagan
- Et votre, heu... agent secret, il sait pas qui a commandité l'enlèvement ?
- Arthur
- Non.
- Calogrenant
- On ne peut pas arrêter les malfaiteurs avant qu'ils accomplissent leur forfait, donc il faut les prendre en flagrant délit.
- Lancelot
- Mais pour ne pas prendre de risque, Grüdü veillera sur vous. C'est compris Grüdü : chaque nuit, vous ne quitterez pas le roi des yeux.
- Grüdü
- Et s'il y a un petit malin qui essaie de s'approcher, je lui démolit sa face !
- Lancelot
- Voilà !
- Arthur
- On ne pourrait pas modifier un peu le protocole ? C'est pas pratique, sa présence m'empêche de dormir...
- Lancelot
- Vous voulez qu'on fasse comment ?
- Grüdü
- Non mais compliquez pas les ordres, ça va m'embrouiller !
- Arthur
- Attendez ! Les ravisseurs, pour m'enlever, ils doivent s'introduire dans ma chambre. Donc on va demander à Grüdü de surveiller la porte de ma chambre.
- Grüdü
- Je me poste devant votre porte, et si un connard s'en approche un peu trop, je le transforme en purée ?
- Arthur
- Voilà.
- Lancelot
- Sauf si c'est le roi.
- Léodagan
- Ou la reine.
- Arthur
- Ou sa suivante.
- Grüdü
- Ah non, commencez pas à m'embrouiller !
- Lancelot
- Avec Grüdü il faut des ordres simples. Ce qu'on va faire, Sire, c'est que tant que Grüdu est de garde, ni vous ni la reine ne sortez de votre chambre.
- Arthur
- Oui, de toute façon ce ne serait pas prudent.
- Léodagan
- Et pour votre suivante, eh bien elle devra attendre la fin de sa garde. C'est compris Grüdü ?
- Grüdü
- Je me poste devant la porte et je défonce tous ceux qui s'en approchent ?
- Lancelot
- Voilà.
- Grüdü
- J'aime quand les ordres sont clairs !
4. INT. COULOIRS ‒ NUIT
Perceval et Karadoc marchent dans les couloirs.
- Perceval
- Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée de déranger le roi aussi tard.
- Karadoc
- Vous pensez qu'il dort ?
- Perceval
- Si on le réveille, il sera de mauvais poil, vous connaissez son caractère.
- Karadoc
- Eh bien il faut qu'il assume !
- Perceval
- C'est vrai : si on vient le voir, c'est parce qu'on on en a gros !
Perceval et Karadoc empruntent un nouveau couloir et reconnaissent Grüdü, posté devant la chambre du roi, tenant une lourde hache.
- Perceval
- Merde, il y a le garde du corps, on l'avait oublié.
- Karadoc
- Et alors, en quoi ça le concerne ?
- Grüdü (menaçant)
- Halte ! Personne s'approche de la chambre du roi !
- Perceval
- Ça va, on est chevaliers, on a bien le droit.
- Grüdü
- J'ai dit personne n'a le droit d'entrer !
- Karadoc
- Mais on veut pas entrer, on veut juste voir le roi.
- Grüdü (agressif)
- Reculez où je vous défonce vos tronches !
- Perceval (à Karadoc)
- Qu'est-ce qu'on fait ? On va pas laisser tomber ?
- Karadoc
- Bon, Grüdü : nous ne sommes pas des malfaiteurs mais des chevaliers de la Table Ronde.
- Grüdü
- Vous pourriez être le Père Noël, si vous vous approchez, je vous décapite en morceaux.
- Perceval
- Mais soyez pas borné !
- Karadoc
- On veut juste parler au roi !
- Grüdü
- Dernier avertissement : si vous partez pas, je vous démolis vos faces à coups de hache !
- Perceval (à Karadoc)
- On essaie de l'attaquer ? Il connaît sûrement pas nos techniques modernes.
- Karadoc
- À deux contre un, ce serait pas très loyal.
- Perceval
- Ah ouais. Alors on laisse tomber ?
- Karadoc
- Oui, mais c'est provisionnaire.
- Perceval (à Grüdü)
- C'est bon, on s'en va, mais vous avez de la chance, parce que si on était venus à un, vous seriez en train de numéroter vos... je sais plus quoi.
- Grüdü
- Je m'en fous, je sais pas compter.
5. INT. COULOIRS ‒ NUIT
Deux inconnus vêtus d'une combinaison noire qui les couvre entièrement, sinon leurs yeux, s'approchent de Grüdü. L'un d'eux porte un sac à dos, l'autre a des cordes attachées à sa ceinture et porte une torche.
- L'inconnu n°1
- Bonsoir.
- L'inconnu n°2
- Bonsoir.
- Grüdü (menaçant)
- Halte ! Personne n'approche de cette porte !
- L'inconnu n°1 (sévère)
- On a dit "bonsoir".
- Grüdü
- Heu, oui, bonsoir. Vous venez pour l'enlèvement ?
- L'inconnu n°2
- Tout juste.
- Grüdü
- Alors je vais être clair : vous voyez ma hache ? Si vous vous approchez de cette porte, je vous débite en copeaux.
L'inconnu n°1 fait quelques gestes avec ses mains, comme un hypnotiseur, et Grüdü s'écroule au sol. Puis il sort un flacon de son sac à dos et en fait boire à Grüdü. Les deux inconnus rentrent dans la chambre.
6. INT. CHAMBRE DU ROI ET DE LA REINE ‒ NUIT
Les deux inconnus avancent à pas furtifs dans la chambre. L'inconnu n°2 porte toujours une torche. Mais alors qu'ils atteignent le lit royal, comme alerté par un sixième sens, Arthur se réveille en sursaut et se redresse sur son lit.
- Arthur (hurlant)
- Qu'est-ce que c'est ?
Le cri d'Arthur a réveillé Guenièvre qui, à son tour, se redresse sur son lit. Tandis qu'Arthur se retourne pour attraper son épée, l'inconnu n°1 refait ses gestes hypnotiques et endort Guenièvre. Arthur leur tournait le dos (en allant chercher son épée) et n'a pas été endormi, mais à présent il fait face aux malfaiteurs, aussi l'inconnu n°1 réitère ses gestes et Arthur s'endort. Comme Grüdü, il a ensuite droit au mystérieux flacon tandis que l'inconnu n°2 le ficèle.
7. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE ‒ JOUR
Léodagan, Lancelot, Calogrenant et le père Blaise discutent de la situation.
- Lancelot
- Quand je pense qu'on avait été prévenu à l'avance ! C'est incroyable cette histoire !
- Léodagan
- Je l'ai toujours dit, Kaamelott, c'est une passoire !
- Lancelot
- Je vous signale que c'est vous qui étiez responsable de la garde ! Et ils n'ont vu personne !
- Léodagan
- Et votre Grüdü, on en parle ?
- Calogrenant
- Mais calmez-vous ! Est-ce qu'on a des indices ?
- Lancelot
- J'ai passé la chambre au peigne fin : rien, pas une trace, pas une empreinte, pas d'indice ! Ils ont tout nettoyé.
- Léodagan
- Ma fille n'a rien vu : juste deux silhouettes noires. Les types étaient camouflés.
- Calogrenant
- Et Grüdü ? Toujours pas réveillé ?
- Lancelot
- Non. Il est plus ou moins dans le coma. Merlin est allé le voir au cas où il parviendrait à le réveiller.
- Léodagan
- Bref, on a aucun indice !
- Calogrenant
- Si, quand même : la technique employée par les ravisseurs. Le camouflage, le fait d'endormir Grüdü...
- Lancelot
- C'est vrai, c'est des méthodes de l'étranger ça.
- Père Blaise
- Si Grüdü a été empoisonné, ça pourrait désigner les Romains. C'est tout à fait leur style.
- Léodagan
- Mais pourquoi ils auraient enlevé le roi, ces cons ?
- Calogrenant
- Sûrement pas contre rançon. Quand on demande une rançon, c'est qu'on a besoin de pognon. Là, le commanditaire a payé quinze mille pièces d'or, quand même. Déjà, c'est sûrement pas un particulier.
- Léodagan
- Ou alors la rançon sera dix fois plus élevée, ça justifierait l'investissement.
- Père Blaise
- J'ai consulté mes registres, même quinze mille pièces d'or, on n'a pas.
- Calogrenant
- Et si c'était la reine d'Orcanie ? Elle aurait les moyens, et elle a le mobile.
- Léodagan
- La demi-sœur d'Arthur ? C'est vrai qu'elle le déteste.
- Lancelot
- Dans ce cas elle l'aurait fait assassiner, pas enlever.
- Calogrenant
- C'est juste.
- Léodagan
- Bon, alors qu'est-ce qu'on fait ? On va quand même pas laisser passer un affront pareil ! On rase l'Orcanie ?
- Père Blaise
- On n'a pas la preuve que c'est eux.
- Léodagan
- Oui, mais on n'a pas la preuve du contraire !
- Calogrenant
- Patience ! S'ils ont enlevé le roi, il y a sûrement une raison, ils ne tarderont pas à nous contacter.
FERMETURE
8. INT. CHÂTEAU INCONNU ‒ JOUR
Arthur est assis sur un fauteuil, ficelé des pieds à la tête. Il se réveille. Plusieurs soldats sont postés dans la pièce
- Arthur
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Soldat inconnu
- Ah, vous êtes enfin réveillé ?
- Arthur
- Qu'est-ce que je fais ici ? Pourquoi vous m'avez enlevé ?
- Soldat inconnu
- Rassurez-vous, nous ne vous voulons aucun mal.
- Arthur (essayant en vain de se libérer)
- Mais détachez-moi et faites-moi sortir d'ici !
- Soldat inconnu (le menaçant de sa lance)
- Calmez-vous ! (s'adressant à un des soldats) Dites à la Dame qu'elle peut venir.
Le soldat part dans la pièce d'à côté puis revient accompagné d'une dame qu'Arthur reconnaît aussitôt.
- Arthur
- Tante Cryda ? Mais vous êtes devenue complètement folle !
- Cryda (accusatrice)
- Vous voyez à quelle extrémité vous nous poussez ? (solennelle) Bienvenue à la grande Fête de l'Hiver !
- Cryda (paniquée)
- Mais rattrapez-le, espèces de débiles ! Le laissez pas s'échapper !