3 CORS1. SALLE DE LA TABLE RONDE
Arthur, Léodagant, Calogrenant, Lancelot, Perceval, Karadoc, sont à la table ronde. Le père Blaise griffonne sur son pupitre.
- Arthur :
- Bon, vous êtes sûr de ce que vous dites ?
- Calogrenant
- Comme je vous le dis, y parait que le lac est enchanté.
- Lancelot (intrigué)
- Mais il y aurait un nouvel enchanteur ?
- Léodagant
- Non mais les espions nous auraient avertis, je sais bien que c’est pas tous des flèches mais quand même ! Si il y a un nouvel enchanteur, on va pas se marrer.
- Perceval
- Ah bon ? On chante maintenant au nouvel an ? C’est obligé ?
- Karadoc
- Oui parce que moi je préfère vous le dire tout de suite, je peux pas blairer de chanter.
- Perceval
- Je confirme, on va pas se marrer.
- Arthur (dépité)
- De quoi ?
- Lancelot (agacé)
- Un nouvel EN-CHANTEUR !
- Perceval
- Et bin ? C’est ce qu’on dit : un nouvel an chanteur.
- Arthur (blasé)
- Fermez là… espèce d’abrutis.
- Calogrenant
- Un EN-CHANTEUR !
- Karadoc
- Quoi ? Toute l’année ?
- Arthur (tout bas)
- Oh putain…
2. LA TAVERNE - SOIR
Perceval et Karadoc sont attablés, le tavernier est derrière son comptoir.
- Perceval (en chantant)
- Holà Tavernier, filez-nous trois poulets et deux graals !
- Karadoc (en chantant lui aussi)
- Et ajoutez un sauc’ aux noisettes tant que vous y êtes !
- Le tavernier (interloqué)
- Bin qu’est-ce qui vous prend de chanter comme ça ? C’est un établissement sérieux ici.
- Perceval (en parlant cette fois-ci)
- Autant vous y faire parce que le Roi a décidé qu’à partir du nouvel an, il fallait chanter.
- Karadoc (en parlant)
- Ouais, donc nous on s’entraine parce qu’on sait pas chanter.
- Le tavernier
- Ah je confirme. Mais qu’est-ce que… ? C’est quoi donc que ces histoires ? Chanter ?
- Perceval
- Ouais, y aura un nouvel an chanteur et après c’est l’année chanteur. Tout le monde va devoir chanter.
- Le tavernier
- Non mais c’est quoi ces conneries ? Y a pas déjà assez de trucs à gérer, maintenant faut chanter en plus ?
- Karadoc
- Hé ouais. Notre bon Roi Arthur nous a dit : Un nouvel an chanteur ! Vous la fermez et vous cherchez pas à comprendre.
- Le tavernier
- Non mais je vais m’expatrier à Rome moi…
3. LA GRANGE DE ROPARZH - LENDEMAIN SOIR
Guethenoc et Roparzh sont assis face à face, attablés.
- Guethenoc
- Non mais comment on peut inventer des conneries pareilles ?
- Roparzh (agacé)
- C’est pour moi que vous dites ça ? Parce que je vous préviens, j’vais foutre le feu à la grange et vous enfermer dedans.
- Guethenoc
- Commencez pas ! Je parle de la nouvelle idée du roi ! Même si niveau conneries, vous êtes champion, là, c’est hors catégorie.
- Roparzh
- De quoi ?
- Guethenoc
- Me dites pas que vous avez pas entendu parler de ça ? Le roi veut qu’on chante toute l’année à partir du nouvel an.
- Roparzh (les yeux écarquillés)
- De quoi ? Mais qu’est-ce que c’est que ces conneries ?
- Guethenoc
- Vrai, aussi vrai que vos bêtes sont moitié mortes !
- Roparzh
- Nan mais il nous prend pour des choristes ? C’est quoi encore que cette idée ?
- Guethenoc
- Le tavernier m’a dit ça ce matin quand je lui ai apporté mon fromage.
- Roparzh (outré)
- De quoi ? Votre fromage ? Vous vous foutez d’ma gueule ? Il m’a dit qu’il se fournissait à Rome !
- Guethenoc
- Nan mais c’est pas le problème ça. Le problème c’est que vous savez chanter vous ?
- Roparzh (énervé)
- Un de ces jours, toutes vos fermes vont brûler, vos animaux vont tous crever, faudra pas demander d’où ça vient. Vous parlez bien de votre fromage dégueulasse ?
- Guethenoc
- Non mais arrêtez cinq minutes, le votre de fromage, il est tellement mauvais qu’on s’en sert pour repousser les nuisibles.
- Roparzh
- Les nuisibles, hein ?
Roparzh saisit Guethenoc et les deux se tapent dessus.
4. SALLE DE LA TABLE RONDE - QUELQUES JOURS PLUS TARD
Arthur, Lancelot, Léodagant, Borhort et le père Blaise sont en conseil.
- Lancelot (inquiet)
- La révolte gronde sire ! Les paysans, les seigneurs, tous demandent des comptes.
- Père Blaise (avec des lettres dans les mains)
- Regardez toutes ces missives ! On en a jamais reçu autant, et que des menaces !
- Bohort (Jovial et sûr de lui)
- Sire, tenez bon, ne vous laissez pas intimider par ces brutes qui ne connaissent rien à l’art !
- Arthur
- Mais qu’est-ce qu’ils disent ? Et pourquoi maintenant ?
- Lancelot
- Ils disent qu’ils ne sont pas d’accord et que si c’est comme ça …lit une lettre… je cite : ils vont s’essuyer le fion avec votre fédération.
- Père Blaise
- Sire, nous avons épluché toutes ces lettres et la colère est bien là. C’est une révolte.
- Léodagant (provocateur)
- Enfin, on va pas se laisser impressionner par ces pécores et ces débiles de chefs de clans, si ? On a qu’à en buter un ou deux pour l’exemple, les autres iront se recoucher aussitôt.
- Arthur
- Mais au bout d’un moment, ils sont pas d’accord avec quoi ?
- Lancelot
- Ah ben ça, on sait pas.
- Père Blaise
- Oui, c’est vrai qu’ils écrivent tous pour vous menacer mais aucun ne rentre dans les détails. Enfin, si, les détails de comment ils vont faire brûler le château, comment ils vont vous torturer…
- Bohort (implorant Arthur avec ses mains)
- Sire, ne cédez pas. Ce ne sont que des sanguinaires.
- Arthur (regardant Bohort avec circonspection)
- Mais quoi ne cédez pas ? Céder sur quoi ? La picole ça va bien ? Qu’est-ce que vous me chantez ?
- Bohort (fier de lui)
- Justement, votre idée... de chanter. Ne cédez pas !
- Arthur (les yeux grands ouverts)
- De quoi ? Mais qu’est-ce que c’est que ces conneries ?
- Bohort (jovial)
- Ils ne sont pas d’accord avec votre idée de nouvel an en chanson et d’année du chant. C'est une formidable idée sire !
5. SALLE DE LA TABLE RONDE - UN PEU PLUS TARD
Arthur est avec le père Blaise, Lancelot et Léodagant.
- Leodagant (totalement dépité)
- Dire qu’on en est là à cause de ces deux imbéciles de Perceval et Karadoc.
- Père Blaise
- N’empêche qu’il faut faire un démenti !
- Lancelot (inquiet)
- Je ne sais même pas si un démenti suffira. Il va peut-être falloir faire un discours officiel !
- Arthur
- Un discours ? Ah non, j’ai horreur de ça.
- Leodagant
- Mais balancez-moi ces deux cons au cachot pendant trois semaines que ça serve d’exemple.
- Père Blaise
- Bon alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?
- Arthur
- Un démenti. Vous mettez qu’il n’a jamais été question de faire une fête du nouvel an en chanson et qu’ils ne seront pas obligés de chanter toute l’année. J’arrive même pas à croire que je dis ça.
- Leodagant
- Non mais vous avouerez quand même qu’il y a une belle brochette de consanguins là…
- Arthur
- Je vais leur passer l’envie de chanter à ces deux-là c’est moi qui vous le dit. Je vais leur jouer un air ils vont pas comprendre d’où ça vient !