3 CORS
1. INT. CUISINES ‒ MATIN
Bohort entre en cuisine se servir un petit morceau. Il découvre un cadavre assis sur une chaise, sans tête.
- Bohort
- À moi ! À la garde ! Au secours !
Bohort, terrorisé, s'affale sur une chaise en face du cadavre sans tête et tombe dans les pommes.
OUVERTURE
2. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE ‒ JOUR
Léodagan préside la séance. Autour de la table : Bohort, Lionel, Séli, le Maître d'arme, Calogrenant, Hervé et Yvain. Père Blaise est debout devant son pupitre.
- Léodagan (à Bohort)
- Refaites-nous le topo, pour ceux qui n'y étaient pas.
- Bohort
- Eh bien... Il y avait un corps sans vie, et sans tête, assis sur la chaise... Il me faisait face, j'ai bien cru qu'il allait se lever...
- Lionel (terrorisé)
- Quelle abomination !
- Bohort (sévère, à Lionel)
- Ne tremblez pas, ce n'était pas un fantôme, juste un cadavre.
- Maître d'arme
- Voilà. Et de notre côté, on a retrouvé la tête du type plantée au bout d'une pique, elle même plantée au milieu de la grande cour.
- Léodagan
- Et c'est qui, le type en question ?
- Séli
- Le boulanger. Il commence sa journée avant l'aube, l'assassin devait l'attendre.
- Calogrenant
- Mais pourquoi s'en prendre à un brave boulanger ?
- Séli
- Peut-être une histoire de vengeance ?
- Hervé
- Et pourquoi pas un suicide ? Non ?
- Léodagan
- C'est vrai que ça ne tient pas debout. On n'assassine pas un boulanger en faisant toute cette mise en scène !
- Séli
- Il a peut-être confondu le boulanger avec l'un d'entre nous ?
- Calogrenant
- Il ressemblait à qui ?
- Maître d'arme
- C'était un jeune, assez grand...
- Yvain
- Hein ? Mais... je correspond à ce signalement!
- Maître d'arme
- ... mais blond. Pas votre genre, seigneur Yvain.
- Hervé
- Il avait peut-être une perruque ?
- Yvain
- Ah non mais c'est une pantalonnade !
- Bohort (à Lionel)
- Vous êtes jeune et blond, c'est peut-être vous qui étiez visé ?
- Lionel (effrayé)
- Mais pourquoi moi ? Personne me connaît !
- Bohort (sévère)
- Eh bien il faudra vous y faire : la vie de chevalier n'est pas de tout repos.
- Séli
- En attendant on fait quoi ? Il faut trouver un nouveau boulanger, et son apprenti refuse de prendre le poste.
- Calogrenant
- Faites venir un cuistot de la troupe, il aura moins les miquettes.
- Léodagan
- Celui des archers. Ils reviennent de manœuvre, ils sont pas au courant de l'actualité.
- Séli
- Très bien, envoyez-le nous.
- Bohort (pas rassuré)
- Le pauvre diable risque d'y passer lui aussi...
- Calogrenant
- Ça dépend si l'assassin visait ce type en particulier ou tous les boulangers.
- Séli
- C'est vrai, si le nouveau y passe, on sera fixé sur les intentions de l'assassin.
- Hervé
- Nous affamer ?
3. EXT. GRANDE COUR DE KAAMELOTT ‒ JOUR
Léodagan et Séli regardent un poteau. On ne voit pas tout le poteau mais on voit son ombre : il y a une tête au bout du poteau.
- Séli
- C'est le nouveau ?
- Léodagan
- Oui, le cuistot des archers, c'est bien lui.
- Séli
- Donc l'assassin tue nos boulangers.
4. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE ‒ JOUR
Léodagan préside la séance. Autour de la table : Bohort, Lionel, Séli, le Maître d'arme, Calogrenant, Hervé et Yvain. Père Blaise est debout devant son pupitre.
- Maître d'arme
- Qu'est-ce qui vous fait pensez qu'il s'attaque uniquement aux boulangers ?
- Séli
- Ben, deux fois, quand même !
- Calogrenant
- Nan, c'est vrai qu'il peut très bien s'attaquer à toute personne qu'il croise. Comme il est arrivée avant l'aube, il n'a croisé que le boulanger.
- Lionel (craintif)
- Vous voulez dire qu'il pourrait s'attaquer à n'importe qui ?
- Bohort
- Courage ! Nous devons faire face à ce nouveau fléau. Heu... Cessons de fréquenter la cuisine, et levons-nous à midi !
- Yvain
- Il faut se colmater dans nos chambres !
- Léodagan
- Nan mais arrêtez de paniquer ! Ce qu'on va faire, c'est qu'on va engager un nouveau boulanger, mais avec deux gardes pour surveiller. Mieux : deux chevaliers. Moi et un volontaire.
- Calogrenant
- Moi ça m'intrigue, j'en suis.
- Hervé
- Parce que vous êtes boulanger, vous aussi ?
- Séli
- D'accord, et il faut juste que je trouve un volontaire pour remplacer le mort.
- Hervé
- J'ai des notions de pâtisserie, si ça peut aider.
5. INT. CUISINE ‒ AUBE
Le boulanger entre dans la cuisine, suivi de Léodagan et Calogrenant. Il porte un grand sac qu'il déballe sur la table : il y a une vingtaine de petits pains. Il sort un pot de confiture et commence à les tartiner. Calogrenant surveille la porte et Léodagan, la fenêtre. Le boulanger regarde les deux chevaliers, parvenant difficilement à se concentrer.
- Calogrenant (au boulanger)
- Allez-y, faites comme si de rien n'était.
- Léodagan (tendu)
- Vous, surveillez la porte au lieu de tailler le bout de gras !
La caméra s'oriente peu à peu vers le haut et révèle un étrange personnage fin, vêtu d'une combinaison noire le couvrant totalement, tenant au plafond par de grosses ventouses attachées à des bracelets entourant ses poignets et ses chevilles. Soudain, il retire ses poignets et ses chevilles des bracelets (qui restent pendus au plafond) et tombe comme un chat : sur ses pieds, sans aucun bruit. Il sort une dague et décapite le boulanger. Un début de cri alerte les deux chevaliers qui se retournent vers lui. Tout cela s'est déroulé en une seconde.
- Léodagan (dégainant son arme)
- Halte !
L'assassin détache promptement de son dos un nunchaku en bois et assomme Léodagan avec. Calogrenant est alors en train de se précipiter vers lui, brandissant son épée. L'assassin se met en boule et passe par dessous Calogrenant, le faisant virevolter en l'air. Calogrenant s'assome en percutant le mur.
6. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE ‒ JOUR
Toujours les mêmes participants, sauf Bohort, Lionel et Yvain qui sont absents. Léodagan a un œil au beurre noir. Calogrenant a le crâne complètement bandé.
- Léodagan
- Là c'est des pros ! Un assassin de métier. Il avait tout préparé.
- Calogrenant
- Du genre à faire parti d'une guilde... Il n'y avait pas une guilde d'assassins qui sévissait du temps de Pendragon ?
- Séli
- Oui mais ça fait bien vingt ans qu'on n'entendait plus parler d'eux.
- Léodagan
- Ben voilà : ils sont revenus.
- Maître d'arme
- Quand même, ça n'a pas de sens : on engage des assassins pour tuer un personnage important, pas un grouillot des cuisines !
- Hervé
- C'était pas un boulanger ?
- Séli
- Nan mais là c'est clair : ils nous provoquent.
- Maître d'arme
- Vous pensez qu'ils veulent nous terroriser ?
- Séli
- Quelque chose comme ça, oui. Ça expliquerait cette mise en scène macabre.
- Calogrenant
- On a encore retrouvé la tête plantée sur un pieu ?
- Séli
- Oui, comme les deux autres fois.
- Léodagan
- Ouais ben c'est pas en assassinant nos serviteurs qu'ils vous nous faire trembler des genoux. Ils nous en faut plus que ça !
- Séli
- N'empêche, ça marche sur les plus impressionnables.
- Léodagan (regardant l'emplacement vide d'Yvain)
- Ah, c'est pour ça qu'il est pas là !
- Calogrenant (regardant deux autres places vides)
- Il est pas le seul à être resté enfermé dans sa chambre.
- Hervé
- Non, les deux qui étaient là, je les ai vus quitter le pays.
- Séli
- Vous voyez ? C'est une campagne de déstabilisation. Ça vient de nos ennemis.
- Léodagan
- Mais qui ?
FERMETURE
7. INT. TAVERNE ‒ JOUR
Karadoc, Perceval, Mevanwi et Merlin mangent à l'une des tables de la taverne.
- Karadoc
- Je ne dis pas qu'on est ennemis, mais en tout cas on n'est pas alliés. Kaamelott, c'est un rival.
- Perceval
- Exactement !
- Mevanwi
- Mais cette nourriture, vous l'avez achetée ?
- Karadoc (sentencieux)
- C'est un tribut.
- Merlin
- Un tribut ? Vous croyez pas que vous y allez un peu fort ?
- Karadoc
- C'est juste qu'ils sont pas au courant.
- Mevanwi
- Donc vous l'avez volée !
- Karadoc
- Mais puisqu'on n'y est plus, ça fait des bouches de moins à nourrir, c'est normal qu'on prélève un peu.
- Perceval
- En plus, ça permet à notre assassin d'acquérir une double compétence : cambrioleur. On lui a demandé d'aller dévaliser un peu les cuisines de Kaamelott et il s'est débrouillé comme un chef !
Ào Sï Kä s'approche et retire sa combinaison noire. Il s'attable avec les autres. Karadoc le sert.
- Karadoc
- Notre ami peut ainsi évoluer dans son métier.
- Ào Sï Kä (souriant et mimant ses activités)
- Assassin ! Qinggõng ! Qãmbriõl !
- Perceval (sincère)
- Bravo ! Vous, avec cet état d'esprit, vous allez vite prendre de l'avancement !
- Mevanwi
- Mais... il le fait toujours, assassin ?
- Karadoc
- Pourquoi, vous avez peur qu'il perde la main ?